Le Cambodge, le Laos, le Myanmar et le Vietnam ont convenu de travailler main dans la main pour développer leur tourisme. En 2010, ces quatre pays de la sub-région du Mékong ont accueilli 11 millions de voyageurs étrangers.
À la mi-septembre à Hô Chi Minh-Ville, les ministères du Tourisme du Vietnam, du Cambodge, du Laos et du Myanmar ont participé à la conférence de promotion de l’investissement dans le tourisme ayant pour thème “Quatre pays, une destination”. Cet événement a réuni plus de 200 représentants de ministères, localités, organismes diplomatiques, chefs de projets du secteur du tourisme de ces quatre pays. La conférence avait pour objet particulier la mise en œuvre de la Déclaration commune sur le tourisme entre ces nations de la sub-région du Mékong, l’initiative “Quatre pays, une destination” ayant été avancée fin septembre 2010 par les quatre ministres du Tourisme à l’issue de leur 1re conférence. “Quatre nations, une destination” a aussi pour objectif de présenter les projets de développement du tourisme et de discuter des mesures pour stimuler l’industrie sans fumée.
Ces dernières années, “Trois pays (Vietnam, Laos, Cambodge), une destination touristique” était le thème maître du Salon international du tourisme de Hô Chi Minh-Ville. Cette année, le Myanmar a été bien accueilli pour s’engager dans cette coopération. Ainsi les quatre nations se sont accordées pour approfondir leur coopération touristique en vue d’encourager les échanges d’informations et d’expériences sur l’aménagement du secteur du tourisme, l’investissement dans ce dernier ainsi que le développement des services touristiques. L’objectif de cette coopération est de faciliter le déplacement des visiteurs dans cette région, de concevoir de nouveaux circuits transnationaux, notamment par route tels ceux de caravanes.
En 2010, le Cambodge, le Laos, le Vietnam et le Myanmar ont accueilli près de 11 millions de touristes étrangers, soit une hausse de 25% par rapport à l’année précédente, a rappelé le ministre vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme, Hoàng Tuân Anh.
Le ministre cambodgien du Tourisme, Thong Khon, a fait savoir que les arrivées internationales au royaume ont progressé de 16% en 2010 pour atteindre 2,5 millions de touristes étrangers, dont notamment celles en provenance du Vietnam. Environ 470.000 Vietnamiens ont voyagé au Cambodge en 2010 et et déjà plus de 360.000 pour les seuls sept premiers mois de cette année.
Chaque jour, le Cambodge reçoit 13 vols en provenance du Vietnam. Pour tout 2011, le Cambodge compte recevoir 2,7 millions d’étrangers, puis 4,5 millions en 2015.
Le Laos compte actuellement 1.493 sites touristiques déjà planifiés dont 435 sites culturels, 849 sites naturels et 209 sites historiques, a indiqué le chef adjoint du Département général du tourisme du Laos, Vang Rattanavong. Ce pays, dont le tourisme connaît une croissance annuelle de 29% depuis 20 ans, compte encore un bon millier de sites qui attendent un investissement dans leurs infrastructures et leurs services.
Le tourisme vietnamien a prévu le développement d’une trentaine de sites touristiques de niveau national, ainsi que de dix localités spécialisées dans le tourisme. Le Vietnam s’était donné l’objectif d’attirer dix millions de touristes étrangers en 2020 et 47 millions de touristes domestiques.
En 2010, le pays a accueilli cinq millions d’étrangers et 28 millions de concitoyens.
Formidable potentiel
Le Cambodge, le Laos, le Vietnam et le Myanmar disposent d’un formidable potentiel de développement touristique. Ces pays possèdent près de dix sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, de beaux paysages naturels, de nombreux sites pittoresques, des héritages culturels variés et des populations hospitalières.
Le Vietnam a par ailleurs des atouts pour développer un tourisme maritime avec ses plages magnifiques et divers sites de renommée internationale comme la baie d’Ha Long, My Son, Hôi An, le parc national de Phong Nha-Ke Bàng… Le Cambodge est lui réputé pour les temples d’Angkor, sans parler des plages immaculées de sable blanc à Sihanoukville. De son côté, le Laos attire les touristes avec ses milliers de pagodes et d’innombrables statues du Bouddha, outre une nature sauvage, préservée intacte, qui suscite un grand attrait de la part des étrangers. Quant au Myanmar, il possède aussi nombre de pagodes de couleurs vives et beaucoup de beaux sites naturels. Le Myanmar, sur lequel les informations restent encore peu nombreuses, conserve une grande part de mystère et attire de plus en plus de touristes.
Le projet de renforcement de la coopération dans le tourisme entre les quatre pays est très prometteur en terme de perspectives de développement du tourisme de cette région, outre que cette coopération permet à ceux-ci de mieux concurrencer les autres grands acteurs de la région tels la Thaïlande et la Chine.
Toutefois, une quantité non négligeable d’obstacles se dressent devant le développement du tourisme de ces quatre nations, avec en tête les infrastructures.
Le cas du Vietnam, dont les infrastructures apparaissent comme étant les plus développées par rapport à celles des trois autres nations, ne dispose pas encore d’un réseau routier assez bon pour faciliter le déplacement des touristes. Prenons l’exemple du trajet reliant Hô Chi Minh-Ville à Phan Thiêt, une station balnéaire du Centre réputée. La distance Hô Chi Minh-Ville-Phan Thiêt est presque identique au trajet Bangkok-HuaHin (Thaïlande). Alors qu’il faut seulement 2h30 aux touristes pour relier ces dernières, il en faut près de cinq pour couvrir la distance au Vietnam.
Puisque les infrastructures routières des quatre pays sont mauvaises, il faut du temps pour se rendre de tel à tel endroit. Ainsi, rares sont les tours reliant trois ou quatre pays, car cela coûte cher tant sur le plan financier que temporel.
Parmi ces quatre pays, les liaisons routières, fluviales et aériennes entre le Vietnam et le Cambodge sont considérées comme les meilleures. Les touristes peuvent se déplacer facilement entre ces deux pays par différentes voies. Ces dernières années, le nombre de déplacements par bateau ou par voie routière entre le Vietnam et le Cambodge ne cessait d’augmenter. Les voyagistes proposent souvent des tours reliant le Vietnam et le Cambodge de 14-15 jours en moyenne. Les touristes peuvent opter pour les navires touristiques Jayavarman, La Marguerite, Pandaw, Toum Tiou… qui font la navette entre la province d’An Giang (Vietnam), Phnom Penh (Cambodge), puis Siem Reap durant huit jours, ce moyennant 3.000 dollars par personne. Mais il est difficile de réserver des chambres sur ces navires qui sont loués par des agences de voyage étrangères durant toute la saison touristique.
Dans la mesure où réseau routier ne répond pas aux exigences du tourisme moderne, le rôle de Vietnam Airlines -l’unique compagnie d’aviation proposant des vols reliant ces quatre nations- s’avère très important dans le développement du tourisme de la région. Mais le nombre de vols reliant ces nations diffère en fonction des destinations. S’il y a 49 vols au départ de Hô Chi Minh-Ville ou de Hanoi pour Phnom Penh ou Siem Reap, il n’y a que 21 vols par semaine reliant Hanoi ou Hô Chi Minh-Ville aux deux grandes villes du Laos (Vientiane et Luang Prabang), et huit vols entre Hanoi ou Hô Chi Minh-Ville et Yangon (Myanmar). Pour rééquilibrer les débats, le directeur adjoint du Vietnam Airlines, Trinh Hông Quang, affirme que Vietnam Airlines accorde la priorité au développement de lignes aériennes au sein de ces quatre nations d’ici à 2015.
Outre la liaison aérienne, il faut également s’intéresser au développement de la liaison maritime. Le Vietnam, avec ses 3.260 kilomètres de côtes, a toutes les cartes en main pour développer son réseau de ports maritimes pouvant accueillir les grands navires de croisière. Cela étant dit, le Vietnam n’a toujours pas de ligne maritime reliant les régions du pays aux autres pays régionaux. De plus, il n’y a ni port maritime spécialement conçus pour les navires de croisière, ni de flottille de navires touristiques de grande taille.
En plus des communications et transports, les infrastructures touristiques sont aussi dans le viseur. En effet, peu d’hôtels trois et quatre étoiles sont au standard international, que ce soit au Cambodge, au Laos ou au Myanmar. Du coup, la plupart des touristes se rendant dans l’un ou l’autre de ces pays optent pour des hôtels cinq étoiles et se déplacent en avion. Cette situation fait que si le séjour est long, le prix du tour est élevé, ce qui bien évidemment se ressent sur les ventes, peu ou pas au rendez-vous.
À tout cela viennent s’ajouter les formalités administratives concernant l’entrée dans les pays. Les touristes, une fois arrivés au Laos ou au Cambodge, peuvent obtenir facilement leur visa aux postes frontières. Il leur suffit de remplir une déclaration, de s’acquitter d’une certaine somme et d’attendre quelques minutes pour obtenir le visa. Mais au Vietnam et au Myanmar, les formalités d’octroi du visa sont plus compliquées. Pour pouvoir obtenir un visa d’entrée au Vietnam et au Myanmar aux postes frontières, les touristes doivent auparavant remplir certaines formalités dans les ambassades ou consulats du Vietnam, du Myanmar, lesquels ne sont pas si nombreux que cela dans le monde. “Il n’est pas question pour le Vietnam et le Myanmar d’exempter de visa les touristes étrangers. Il leur faut juste simplifier les formalités de délivrance”, affirme le directeur du voyagiste international Exotissimo à Hô Chi Minh-Ville, George Ehrlich-Adam. Une des mesures efficaces qui résoudrait ce problème consisterait à octroyer un visa commun pour ces quatre nations. Muni de cet unique visa, le touriste pourrait alors se rendre dans les quatre pays sans se soucier de telle ou telle formalité.
Selon les dernières estimations de l’Organisation mondiale du tourisme, les touristes ont tendance à changer de destination. Ils choisissent plutôt l’Asie de l’Est, le Pacifique et l’Asie du Sud-Est. En 2010, l’Asie de l’Est et le Pacifique ont dépassé l’Amérique pour devenir la 2e région, après l’Europe, en matière d’attrait des touristes étrangers (22% des parts de marché). Dans le tourisme de l’Asie de l’Est et du Pacifique, celui de l’Asie du Sud-Est joue un rôle important, avec 36% du nombre de visiteurs et 38% des recettes du secteur.
D’ici 2020, l’Asie du Sud-Est devrait accueillir 125 millions de touristes internationaux. Sur la période 2010-2020, le rythme de croissance de visiteurs dans cette région sera vraisemblablement de l’ordre de 6%, soit supérieur à la moyenne mondiale.
Source: http://lecourrier.vnanet.vn