Relier tourisme vert, valorisation de la culture Muong et développement socio-économique de la province de Hoa Binh est le leitmotiv de la Ferme du Colvert, un joli lieu de séjour franco-vietnamien niché en plein terroir Muong.
La Ferme du Colvert est située à 45 km à l’ouest de Hanoi, dans la commune de Cu Yen, district de Luong Son, province de Hoa Binh.
Ouvert en 2004, elle allie harmonieusement la beauté naturelle et traditionnelle de l’architecture vietnamienne à la sobriété élégante des constructions françaises, tout cela dans un cadre enchanteur façonné par les paysans d’ethnie Muong.
Au coeur de ce “cottage” de 25 ha se trouve le pavillon Phong Lan (Orchidée), symbiose architecturale réussie des maisons sur pilotis vietnamiennes et des villas de la Côte d’Azur, d’où est originaire le mari de la propriétaire, Mme An Tran Chassedieu.
Eparpillées sur les flancs des collines, blotties sous la végétation exubérante ou au bord d’un étang se trouvent 12 petites maisons charmantes à la beauté simple, inspirées du bâti des montagnes du Vietnam et du delta du Fleuve Rouge.
La Ferme du Colvert a su pleinement tirer avantage de son cadre naturel. Collines, sentiers, claquement d’une cloche de bois au cou d’un buffle, ruissellement d’un petit cours d’eau, autant de scène qui évoquent la vie paisible des Muong et qui charment tant les visiteurs, qu’ils soient Vietnamiens ou non.
Mme Chassedieu a confié : “C’est l’amour de la nature et celui entre nos deux pays – le Vietnam et la France – qui nous ont poussés à créer ce lieu. Loin de la vie parisienne mouvementée, nous nous sentons totalement décontractés dans ce cadre et nous avons donné à ce lieu le nom de “Vịt Cổ Xanh” (littéralement Canard colvert) parce que cet oiseau est bien connu de l’agriculteur vietnamien mais aussi parce qu’il nous rappelle la vie paisible des campagnes françaises”.
“Privilégiant le contact avec la nature, la ferme a accueilli à ses débuts une clientèle venue de l’étranger, mais dix ans après, elle est devenue familière à tous ceux qui vivent au Vietnam. Son environnement naturel en fait une destination idéale pour un pique-nique, des activités sportives ou un week-end en famille ou entre amis”, a-t-elle poursuivi.
Parallèlement à l’écotourisme, la ferme se soucie de préserver et de mettre en valeur l’identité culturelle de l’ethnie Muong en organisant des festivals ou des dîners gala. Des représentations artistiques sont alors données en ces occasions durant lesquelles les agriculteurs, habitués aux travaux des champs toute la journée, se transforment en chanteurs ou danseurs de sap , une danse rythmée par le claquement de plusieurs paires de bambou, ou en joueur de gongs.
Ces activités bénéficient du soutien non seulement des autorités locales mais encore d’organisations internationales telles qu’OXFAM, la JICA, le WWF, l’AUF et, plus particulièrement, de l’UNESCO qui a organisé plusieurs conférences consacrées à la culture et à l’écologie.
La Ferme du Colvert a ajouté une corde à son arc : mettre en valeur la gastronomie Muong. Pour ce faire, un dîner a été organisé le 6 octobre dernier, au cours duquel les invités ont pu apprécier de la fine cuisine française préparée avec des produits de la ferme par le chef français Didier Corlou, surnommé “l’ambassadeur du nuoc mam” (sauce de poisson), tels que canards, oeufs, jeune riz vert, champignons, patates douces, jeunes pousses de bambou…
Celui-ci, qui a fait connaître au grand public étranger la gastronomie vietnamienne, a l’intention dans l’avenir de faire de même pour celle des Muong en y mettant sa “touche” personnelle pour promouvoir cette “cuisine de montagne”. D’autres dîners gala seront organisés durant les jours fériés, et des cours de cuisine seront donnés à de jeunes Muong.
La Ferme du Colvert participe aussi aux activités de développement communautaire de la localité. Ainsi, avec les organisations internationales, elle donne des formations afin que les Muong acquièrent un métier, développent leurs compétences pour vivre en harmonie avec la nature, s’intégrer à la communauté, faire face aux calamités naturelles, aux maladies… Les cours concernent même les connaissances de base: comment utiliser des médicaments, comment économiser de l’électricité, comment faire pour se soigner…
Concernant les futurs projets, Mme An Tran Chassedieu a révélé qu”une course cycliste Vietnam-Laos (Hanoi-Dien Bien Phu-Luang Prabang-Vientiane) sera organisée le 3 novembre 2012, puis un marathon dont le thème sera la protection de l’environnement. “Nous voulons aussi donner des cours de gastronomie, de broderie, de danse, de jardinage… au personnel de notre ferme ainsi qu’à la population locale et, pour cela, nous ferons appel aux organisations internationales”.
Les projets qui visent un objectif soit commercial soit social exigent tous de gros efforts de la part de ceux qui ont transformé cette terre semi-montagneuse pauvre en un site touristique respectueux de la nature, qui rêvent d’autres projets ambitieux pour l’embellir afin de répondre aux besoins de la découverte de la nature et des traditions de l’ethnie Muong pour les touristes et du développement communautaire en faveur des habitants locaux.