La danse hip-hop évoque bien sûr des rythmes musicaux chaloupés, des mouvements corporels vifs et bondissants. Corps ondulant, jambes et bras exécutant pas et chorégraphies endiablées… Qui pourrait imaginer qu’un cul-de-jatte soit capable de cela ? Nguyên Thành Trung, un paysan invalide du delta du Mékong, a fait crier la foule au miracle.
Dans le milieu du hip-hop, une danse importée des États-Unis dès la décennie 1990, Nguyên Thành Trung est connu comme une figure des plus admirables, sous le nom de “danseur de hip-hop à l’envers”. Bien qu’il soit estropié des jambes, les danses qu’il exécute sur les mains sont aussi spectaculaires que celles des valides. Ses ondulations du corps, ses acrobaties… sont exécutées avec une telle virtuosité qu’il se retrouve à l’envers, appuyé sur les deux bras plantés droits au sol. Inutile de dire que son style spectaculaire a forcé l’admiration de chacun.
Frappé d’une malformation congénitale qui l’empêcha de profiter normalement de ses jambes, Nguyên Thành Trung, 27 ans, a subi énormément de difficultés et de pertes dans la vie. Né d’une famille paysanne pauvre, dans un quartier riverain du fleuve Hâu, district de Cái Rang, ville de Cân Tho (delta du Mékong), cet homme infortuné a dû abandonner ses études scolaires à l’âge de 15 ans “pour gagner sa vie”, avoue-t-il. Trung s’est alors essayé à différents métiers dont la pêche, l’élevage de crevettes… Une vie pénible et précaire qui l’a rendu peu à peu réservé, miné par un complexe d’infériorité.
Club “Tourbillon de hip-hop”
é un jour. C’était en octobre 2005. En regardant la télévision, Trung a été très impressionné par un spectacle de hip-hop présenté par des artistes sud-coréens. Avec beaucoup d’aisance, ces derniers accumulaient les figures spectaculaires, les gestes magnifiques effectués non seulement sur les pieds mais aussi sur les mains. Une idée audacieuse lui est traversé à l’esprit : “Pourquoi ne pas faire du hip-hop sur les mains”. Dès lors, Thành Trung a cherché à se procurer des vidéos présentant les shows de ces Sud-Coréens et d’autres danseurs étrangers. Puis, patiemment il s’est entraîné à cette danse en vogue partout dans le monde comme au Vietnam.
Les premiers jours, ses bras -qui devaient supporter tout le poids de son corps- étaient brisés de fatigue. Les mains appuyées contre la cour en ciment semblaient être enflées et engourdies. Sans oublier les coups et blessures suite aux nombreuses chutes du débutant. Plus d’une fois, il a pensé à renoncer. Plus d’une fois également, il s’est relevé courageusement en se promettant de vaincre les difficultés. Sa ferme volonté et ses efforts inlassables ont enfin porté leurs fruits : Thành Trung s’est affirmé peu à peu sur la scène locale du hip-hop, à tel point qu’il a attiré de nombreux jeunes vers cette danse urbaine. Une fois que ses “pas de mains” se sont accordés aux “pas de pieds” des autres sur la “scène publique”, Thành Trung a décidé de créer un club de hip-hop qui, sous sa baguette, a été invité à se produire dans certains cafés.
À maintes reprises, le club Thành Trung a eu l’honneur de participer aux concours de hip-hop à Hô Chi Minh-Ville, Cân Tho (Sud) et Huê (Centre). Grâce à ses acrobaties incroyables et impeccablement réalisées, il a empoché de nombreux prix, certificats d’honneur et distinctions honorifiques. Dans sa collection, il est fier notamment de la médaille d’or lors du Festival culturel et sportif national des invalides 2007 à Huê. “À Cân Tho, notre club est surnommé +Tourbillon de hip-hop+. Nous sommes souvent invités à nous produire lors des événements commémoratifs de la ville”, révèle le danseur infirme. Depuis 2008, Thành Trung prend en charge l’entraînement d’une classe junior de hip-hop au Centre culturel et sportif de Cân Tho. “Le travail n’est pas facile. Mais je me sens heureux d’être en contact avec ces enfants turbulents. Mieux encore, je me sens utile”, confie le “maître”. Et d’avouer : “Avec le hip-hop, je n’ai plus de complexe d’infériorité, au contraire plein de confiance en soi. Maintenant, je suis en pleine forme et plein d’entrain. Quelle joie de pouvoir désormais vivre par mes propres moyens”.
Source: Lecourrier.vnanet.vn