Le musée de la Prison de Hoa Lo, situé à Hanoi, est un témoignage de l’histoire tumultueuse du Vietnam. Construite à la fin du XIXe siècle par des colons français, cette ancienne prison servait la plupart du temps à détenir les révolutionnaires vietnamiens.
Aujourd’hui, le musée attire des milliers de visiteurs chaque année, fascinés par les expositions émouvantes et les récits des détenus. Les cellules étroites, les objets personnels et les documents historiques offrent une immersion unique dans le passé.
Si vous souhaitez découvrir le Vietnam, c’est une destination que nous vous recommandons de ne pas manquer. Référons-nous au partage d’une de nos touristes français à propos d’une journée d’expérience à Hoa Lo.
Itinéraire d’une journée pour visiter la prison de Hoa Lo
Le village de Phu Kanh
Je commence ma visite par la découverte du village de Phu Kanh, autrefois célèbre dans tout le pays pour son activité de poterie, exportant ses produits à travers le Vietnam. Malheureusement, ce village fut détruit pour laisser place à la construction de la prison, entraînant la perte d’un savoir-faire précieux qui était soigneusement entretenu et transmis de génération en génération. Les Vietnamiens déplorent encore aujourd’hui cette destruction, la considérant comme une perte irréparable de leur patrimoine culturel.
Il est troublant de penser que la destruction d’un village vibrant avec ses habitations et commerces prospères a été nécessaire pour la construction de cette prison, grand bâtiment de 12 908 m2.
Lors de ma visite, j’ai également pu découvrir la prison dans son ensemble grâce à une maquette à échelle détaillée des bâtiments, accompagnée d’une légende explicative.
Le bâtiment E et le donjon à la prison Hoa Lo
En continuant ma visite, j’ai découvert les objets du quotidien utilisés par les prisonniers, principalement des ustensiles pour manger comme des bols ou des baguettes. Les objets des gardes de la prison étaient également présentés, essentiellement des instruments de torture ou des registres d’effectifs, de dépenses de la prison.
La vitrine exposant les registres de l’infirmerie, sur la mortalité au sein de la prison est particulièrement bouleversante, chaque cause de décès y est détaillée, et j’ai vite compris que les principales était le manque d’hygiène et la torture. Les prisonniers étaient nourris de riz et de poisson moisi en quantité insuffisante, qu’ils étaient obligés de manger pour survivre.
En arrivant dans la salle suivante, j’ai vu une reconstitution de la salle commune, ou les prisonniers étaient enchaînés par un pied les uns à côté des autres, dans une tentative de limiter les mouvements et la communication, et ce malgré la chaleur étouffante.
Un couloir m’amène au donjon après la porte, composé de petites cellules étroites ou les prisonniers étaient enchaînés pendant plusieurs jours, dans le noir, sans nourriture, eau ou possibilité d’aller aux toilettes, cela sous la violence sans limite des gardes de la prison.
Les quartiers des femmes
En continuant ma visite, je suis arrivée au quartier des femmes, un bâtiment prévu pour 100 personnes, qui en abritait en réalité 225, dans des conditions de vie inhumaines. Le manque d’hygiène, de nourriture, d’espace et de soins rendait ce quartier de la prison spécialement cruel. Sans oublier la torture quotidienne qu’elles subissaient des gardes.
De plus, les femmes n’étaient pas classées : prisonnières politiques, délinquantes et criminelles, qu’elles soient âgées ou jeunes mères avec leurs nourrissons étaient toutes ensembles. Cependant, elles ont décidé de se soutenir, en laissant les places aérées aux plus faibles et en instaurant un système de rationnement d’eau pour la douche, assurant à toutes un minimum d’hygiène.
C’est un espace très émouvant, et en déambulant dans les cellules et les couloirs aux murs sombres on ne peut imaginer que la souffrance qu’elles ont vécue.
Le couloir de la mort et la guillotine
Situé aux portes du quartier des femmes se trouvent le couloir de la mort, ainsi que “l’enfer de l’enfer”, la salle d’exécution. Contre le mur, éclairée, trône la guillotine portable, témoin de l’horreur et du danger constant de la prison. On retrouve la trace de plusieurs prisonniers guillotinés pour des crimes politiques, et dont la tête de 3 d’entre eux fut ensuite exposée plusieurs jours aux portes de la prison comme symbole d’intimidation.
Les quartiers des condamnés à mort étaient étroits et insalubres, les prisonniers étaient 2 par cellules, enchaînées en permanence. Rentrer dans les cellules fut une expérience poignante, j’ai réalisé la cruauté des conditions de vie, et la souffrance des prisonniers, jusque dans leurs derniers instants.
Bien que la loi imposât un délai de 10 mois avant l’exécution après que la sentence soit tombée, les prisonniers étaient souvent exécutés en secret quelques jours seulement après.
La faible luminosité et la musique angoissante recréent l’ambiance d’épouvante de la prison, ce qui m’a rendue encore plus admirative des révolutionnaires vietnamiens, qui se sont battus, avec un esprit de fer, pour leur patrie jusqu’à la fin.
Les jardins du mémorial
Comme une petite parenthèse sereine dans le climat de violence et de terreur, les jardins du mémorial contiennent un monument commémoratif aux révolutionnaires morts dans la prison, considérés au Vietnam comme des martyrs, ayant sacrifié leur vie pour la liberté de leur pays.
J’ai également pu en apprendre plus sur les personnalités du Parti Communiste Révolutionnaire, grâce à une exposition sur quelques grandes figures du mouvement, comme Nguyen Thi Minh Khai, une jeune femme déterminée décédée à 31 ans pour la cause. Elle diffusait les idées révolutionnaires jusqu’en prison, à l’aide de poèmes.
“Bien que battue, bien que pendue je reste inébranlable.
Bien que contrainte, bien que capturée, je révèle la vérité jusqu’à la fin.
Pour la cause, je sacrifie et je lutte,
Pour défendre jusqu’à la mort les principes dont je découle.”
Poème écrit par Nguyen Thi Minh Khai en 1940 à la prison de Saigon.
Les évasions
La suite de la visite m’a mené à un large couloir extérieur, où plusieurs bouches d’égout ayant servi à l’évasion de prisonniers sont exposées. La prison avait la réputation d’être l’une des plus dure du pays, mais s’en évader n’était pas impossible. C’est ce qu’ont réussi 5 détenus condamnés à mort à la veille de Noël, en rampant le long de canalisations parfois larges de seulement 20 centimètres.
Plusieurs œuvres aux murs témoignent de la violence sans retenue des gardiens de la prison envers les détenus, entre les coups et les humiliations.
Le quotidien des prisonniers américains
Plus tard, de 1964 à 1973, la prison de Hoa Lo a été utilisée pour détenir des pilotes, du personnel technique d’avions, des soldats d’hélicoptères,… pendant la guerre destructrice au Nord-Vietnam, collectivement connus sous le nom de pilotes américains. C’est pourquoi il y a ici un espace sur la vie des soldats américains.
Deux salles décrivent le quotidien des prisonniers américains au sein de La Maison Centrale, qu’ils ont surnommé Hanoi Hilton. Le traitement des prisonniers américains était humain, j’ai pu y voir des photos de prisonniers souriants, rasés de près, décorant la prison à l’occasion de Noël où assistant à des projections sur le Vietnam.
Plusieurs artefacts sont exposés, comme les uniformes des pilotes américains, les fresques qu’ils ont dessiné à l’occasion de Noël, un lit destiné aux prisonniers et des ustensiles pour manger. Plusieurs témoignages sont également traduits, où les prisonniers après leur retour aux Etats-Unis témoignent d’un traitement humain.
Mémorial aux survivants de la prison – sanctuaire au 2e étage
Pour finir la visite, je suis montée au 2e étage du bâtiment, pour accéder au sanctuaire dédié aux rescapés de la Maison Centrale. Une télévision diffuse un documentaire avec des interviews d’anciens prisonniers, qui témoignent de l’horreur qu’ils ont vécu. Sur les murs, les noms des anciens prisonniers sont gravés sur des plaques, et des panneaux retracent la naissance du Parti Communiste Vietnamien.
La prison, bien qu’un lieu horrible, fût une véritable école pour beaucoup, puisque les prisonniers s’échangeaient des documents et des livres sur les théories politiques et communistes, s’instruisant mutuellement. C’est cet échange qui a contribué à l’esprit inébranlable des prisonniers.
C’est la fin de ma visite à la prison de Hoa Lo lors de mon voyage au Nord du Vietnam.
Informations pratiques sur la prison Hoa Lo
Se rendre prison Hoa Lo
La Maison Centrale se situe au 1, rue Hoa Lo, Tran Hung Dao, Hoan Kiem à Hanoi.
Elle est ouverte à la visite tous les jours de la semaine, y compris les jours fériés, de 8h à 17h.
Vous pouvez faire le choix de vous y rendre en taxi, voiture ou moto pour quelques euros, ou en bus.
Le prix des tickets et de l’audioguide à la prison Hoa Lo
Un ticket coute 50 000 VND, soit environ 1,80€. Plusieurs aménagements sont possibles, par exemple les personnes en situation de handicap, les étudiants, les foyers défavorisés et les personnes de plus de 60 ans bénéficient d’une réduction de 50%. La gratuité est disponible pour les moins de 16 ans, les personnes en situation de handicap sévère, et les personnes ayant contribué à la révolution ou les vétérans.
L’option de l’audioguide peut également être intéressante, pour obtenir des explications supplémentaires sur la visite, avec des faits et des chiffres exclusifs.
Se restaurer sur place
Plusieurs espaces de pause sont disséminés dans la prison, où sont vendus des snacks et des boissons. Vous pourrez donc vous rafraîchir et vous reposer quelques minutes avant de reprendre la visite.
Accès PMR
Si vous utilisez un fauteuil roulant, vous pourrez accéder à la prison, l’entrée ne comporte pas de marches. Néanmoins, certains espaces ne seront pas accessibles, notamment le sanctuaire au 2e étage. La majorité des salles et des expositions restes accessibles facilement donc cela reste une très bonne idée de visite adaptée à tous.
En conclusion de ma visite à la prison de Hoa Lo, je suis profondément émue par les histoires de souffrance et de résilience qu’elle révèle. Ce lieu imprégné d’histoire offre une perspective unique sur les épreuves que le Vietnam a traversé. Les expositions et reconstitutions m’ont permis de mieux comprendre la vie des prisonniers.
Je recommande vivement cette visite à tous ceux qui souhaitent découvrir un chapitre poignant de l’histoire vietnamienne. Ne manquez pas l’occasion de visiter la prison de Hoa Lo lors de votre séjour à Hanoi, pour une expérience enrichissante et inoubliable. Vous pouvez inclure cette visite dans votre voyage au Vietnam en faisant appel à une agence de voyage locale pour l’organiser.
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